Au petit matin du mercredi 18 novembre, l’emblématique metteur en scène et fondateur du Théâtre de l’Usine (Eragny-sur-Oise) Hubert Jappelle a tiré sa révérence.

Fin de partie. La disparition de celui qui a fondé, il y a un peu plus de quarante ans, le Théâtre de l’Usine, à Eragny-sur-Oise, va laisser un grand vide derrière lui. Hubert Jappelle s’en est allé à l’âge de 82 ans, victime d’un arrêt cardiaque survenu dans son sommeil le mercredi 18 novembre. « Il s’est éteint et est parti tranquillement, explique sous le choc un membre de l’équipe du Théâtre de l’Usine au lendemain de sa mort. Cela nous parait très soudain parce qu’il était très actif, il gérait encore son atelier de comédie et avait plein de projets en cours dont sa pièce Georges Dandin qu’il devait présenter au théâtre en mars prochain. Il laisse derrière lui un grand vide mais aussi un patrimoine inestimable. » Personnalité éminente dans l’univers du spectacle, cet originaire de Lorraine s’est d’abord fait connaitre à Avignon dans les années 1970 à travers un travail de recherche sur la marionnette autour des œuvres de Beckett, de Strindberg ou encore de Kafka.
« Il laisse derrière lui (…) un patrimoine inestimable »

En 1975, sa troupe fut associée comme cellule de création au Centre d’action culturelle de Cergy-Pontoise et investit dans la foulée une ancienne papeterie perdue au milieu d’une friche industrielle d’Éragny-sur-Oise. C’est ainsi que naît le Théâtre de l’Usine. « C’était un maître, j’étais fan de lui, il faisait des spectacles délirants », le décrivait la comédienne et marionnettiste Bérengère Gilberton dans une interview réalisée en janvier 2019 en parlant de ses débuts dans la compagnie Hubert Jappelle. C’est une page de trente-deux ans de la vie du comédien Alain Gueneau qui se tourne aussi brutalement. « C’était quelqu’un d’exigeant. Ce qui m’intéressait dans son travail c’est qu’il ne cherchait pas forcément à se démarquer, c’est sa vision des œuvres qui le rendait original. Son anticonformisme était inconscient, confie-t-il. On se sent tous un peu orphelins, il donnait l’envie de découvrir toujours plus, de se cultiver. »

défendre à travers son travail un théâtre populaire accessible à tous les publics. Il avait également le souci du détail. En plus de son travail de mise en scène, Hubert Jappelle réalisait également les affiches des pièces qu’il présentait. Ce qui rajoutait une touche d’originalité à la programmation du théâtre éragnien. « Se donner du mal pour les petites choses c’est parvenir aux grandes avec le temps. » Ces mots de Samuel Beckett refléteraient bien la pensée anticonformiste d’Hubert Jappelle.
Axelle BICHON